« La maison sera terminée le 1er octobre, on accrochera les tableaux, les photos, on mettra les meubles, et puis on fera une belle fête le samedi, ou même un grand repas en invitant des amis à déjeuner le dimanche.

La Traverse me paraît étrange, elle ressemble à cette maison que j’étais censé construire.
Nous avions le même architecte, les mêmes volumes, la même volonté de brutalisme.

Julien Tual

Prenant au pied de la lettre la devise de la Traverse,  » L’art se loge à Marseille « , Julien Tual vient habiter le lieu le temps d’un week-end avec ses souvenirs comme mobilier. En ne lui prêtant que deux jours d’existence, l’exposition de Julien Tual prend la forme d’une invitation amicale, d’un morceau de vie dans une intimité simulée. Portée par la projection d’un futur en suspens, La Traverse est ainsi investie à la manière d’une maison témoin – mais témoin de quoi ?

Ce qui aurait dû être un nouveau départ est en fait un bilan dans lequel se reflète le passé. Ce qui aurait été une décoration dans sa maison porte le récit autobiographique de l’exposition.

Julien aime provoquer, questionner, détourner et son exposition ne déroge pas à la règle. Selfie est le portrait d’un homme qui ne se montre pas et qui pourtant nous donne tout. D’une peinture de son jardin à celle de ses enfants sous la douche, en passant par des photographies prises sur la route, ses œuvres témoignent de moments passés qu’il matérialise avec son pinceau. Plus ces souvenirs sont anecdotiques, plus ils sont précieux et essentiels pour lui.

Explorer toutes les possibilités de l’art pour exprimer ses états d’âme, c’est la définition artistique du romantisme, c’est aussi ainsi que l’on pourrait décrire Julien Tual, se livrer sans crainte d’être vulnérable.

par Emma Przybylski et Justine Siret